Chers amis,
Avez-vous déjà lu de la poésie russe ?
Peut-être en avez-vous eu envie, et puis… vous avez pensé que c’était très difficile. Et je partage cet avis : lire des poèmes dans une langue étrangère constitue un réel challenge.
Mais j’ai une surprise pour vous : aujourd’hui, vous allez pouvoir lire le célèbre poème de Pouchkine, « Matin d’hiver »… et la jolie traduction française qu’en a fait une de mes élèves, Céline. Afin de préparer ce cadeau particulier, et avant d’arriver à cette traduction si sensuelle, à la fois précise et féérique, nous avons passé deux heures à discuter du sens exact de chaque phrase. Il lui a ensuite fallu quelques semaines pour écrire une version finale.
Je vous laisse maintenant profiter de la poésie originale… et de cette superbe version française qui, à mon sens, aurait sûrement plu à Alexandre Pouchkine.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Александр Пушкин «Зимнее утро»
Моро́з и со́лнце; день чуде́сный!
Еще́ ты дре́млешь, друг преле́стный —
Пора́, краса́вица, просни́сь:
Откро́й сомкну́ты не́гой взо́ры
Навстре́чу се́верной Авро́ры,
Звездо́ю се́вера яви́сь!
Givre et soleil : jour de merveilles…
Mon adorée, toi qui sommeilles,
Il est grand temps ma belle : viens !
Ouvre ces yeux lourds de plaisir
A l’aurore, et à son sourire,
Et plonge ton regard dans le sien…
Вечо́р, ты по́мнишь, вью́га зли́лась,
На му́тном не́бе мгла носи́лась;
Луна́, как бле́дное пятно́,
Сквозь ту́чи мра́чные желте́ла,
И ты печа́льная сиде́ла —
А ны́нче… погляди́ в окно́:
Te souviens-tu, encor’ hier
De ce ciel noir, de sa colère ?
Des vents, de cette lune blafarde,
Tachant de jaune les brumes sombres…
De toi, si triste, dans la pénombre…
Mais aujourd’hui pourtant… regarde !
Под голубы́ми небеса́ми
Великоле́пными ковра́ми,
Блестя́ на со́лнце, сне́г лежи́т;
Прозра́чный лес оди́н черне́ет,
И ель сквозь и́ней зелене́ет,
И ре́чка по́до льдом блести́т.
Sous les cieux d’un azur parfait,
Un somptueux tapis argenté
S’étend au soleil, et scintille ;
Vois le noir profond des forêts,
Et des sapins le vert givré,
Vois, sous la glace, le ruisseau brille…
Вся ко́мната янта́рным бле́ском
Озарена́. Весе́лым тре́ском
Трещи́т зато́пленная печь.
Прия́тно ду́мать у лежа́нки.
Но зна́ешь: не веле́ть ли в са́нки
Кобы́лку бу́рую запре́чь?
Dans la maison illuminée
D’un merveilleux éclat ambré
Le feu crépite, joyeusement.
Il nous appelle à ses côtés…
Mais tu sais… me vient une idée :
Faisons atteler la jument !
Скользя́ по у́треннему сне́гу,
Друг ми́лый, предади́мся бе́гу
Нетерпели́вого коня́
И навести́м поля́ пусты́е,
Леса́, неда́вно сто́ль густы́е,
И бе́рег, ми́лый для меня́.
Glissons sur ce grand manteau blanc !
Que notre coursier impatient
Vole pour nous, ma tendre dame,
De vastes champs soudain déserts,
En forêts frappées par l’hiver,
Vers ce rivage, cher à mon âme…
Céline Guyot
Inspirez-vous et écoutez le poème en Russe